La politique de contrôle de l’immigration et d’accueil des étrangers conduite par le gouvernement entre dans sa deuxième année de mise en oeuvre. Conformément à ses valeurs et à ses missions, le réseau fédéral doit mesurer ses effets sur les projets des centres et alerter ses partenaires institutionnels sur ses conséquences déjà perceptibles.
La politique menée se traduit par :
• le renforcement et le durcissement des contrôles,
• le développement de la logique de l’immigration choisie
• La précarisation des titres de séjour avec la multiplication des cartes de courte durée, le passage au statut de résident étant désormais conditionné par «l’intégration républicaine ».
• le développement de la suspicion vis à vis des mariages mixtes,
• la déstabilisation de familles entières en particulier d’enfants et jeunes scolarisés
Elle contribue à fragiliser les étrangers (ou ceux qui ont l’air étranger). C’est vrai des étrangers en situation irrégulière. C’est également vrai des étrangers en situation régulière sur qui pèse le soupçon de non intégration. On peut penser que l’on assiste progressivement à une criminalisation de l’étranger, de la misère.
Des exemples dans le réseau illustrent la manière dont cette politique vient fragiliser sur plusieurs plans la capacité pour les centres sociaux de mettre en oeuvre leur mission en direction de tous.
• Une sortie en car organisée par un centre arraisonnée par la police des frontières qui organise un tri sur le bord de l’autoroute entre les légaux et les autres.
• Des demandes de la police de pouvoir se mettre en planque dans un centre.
• La demande menaçante d’un Préfet à un réseau de s’inscrire dans son dispositif de formation linguistique …
La politique de l’immigration met les centres sociaux en porte à faux : au regard de leurs principes fondateurs : respect de la dignité humaine et solidarité et au regard de leur mission d’accueil et d’action en direction de tous sur un territoire.
Cette politique de choix entre les « étrangers utiles » et les autres a comme conséquence :
• De développer la suspicion envers les étrangers, de criminaliser la solidarité, l’accueil et l’appui aux plus démunis d’un territoire. Quid de l’interculturel ? Quid de la solidarité ?
• De développer la défiance des étrangers et de leurs enfants vis à vis des centres renforçant ainsi les freins à l’intégration: quid de la mission d’accueil de tous et de la confiance indispensable au projet ?
• De rompre le principe d’égalité qui fait partie de nos valeurs de référence même s’il n’est pas repris explicitement dans notre charte
• D’instrumentaliser des dispositifs de formation linguistiques à but de preuve et de contrôle de la capacité d’intégration.
• De remettre sur le devant de la scène la question du secret professionnel partagé pour les travailleurs sociaux (cela ne concerne pas que les étrangers mais peut s’appliquer à eux) dans le pire climat.
Nous devons aussi prendre en compte les doubles contraintes que nous faisons peser sur les acteurs des centres obligés de mettre en oeuvre dans le cadre du centre des actes qu’ils reprouvent à titre personnel.
Nous nous engageons:
• A animer une démarche de veille active sur ces questions et à élaborer un état des lieux précis des difficultés rencontrées.
• A former les acteurs du réseau – professionnels et bénévoles – pour qu’ils maîtrisent mieux le contexte légal et soient en capacité de travailler localement le cadre de leur action, en partenariat avec d’autres acteurs (Gisti, LDH, RESF, CIMADE..).
• A alerter tous nos partenaires sur ces difficultés et contradictions, c’est l’objet de la déclaration.
• A engager avec les acteurs de la branche professionnelle –SNAECSO et syndicats de salariés un travail d’élaboration d’une charte de déontologie pour les équipes -professionnels et bénévoles- des centres.
Les étrangers tout comme les français, avec ou sans papiers, doivent être traités avec le plus grand respect, avec humanisme…
Tout Homme est une richesse non réductible à des papiers.
En référence à leur Charte Fédérale, les centres sociaux affirment qu’ils n’ont d’autre finalité que l’accomplissement de chaque personne.