Déclaration politique de l’Assemblée Générale à NEVERS 16 et 17 mai 2009
« Plus que jamais construire un quotidien solidaire et citoyen »
En préambule
La période actuelle nous incite à expliciter le fond de nos engagements autant qu’à les interroger. Déjà en 2005, nous affirmions «l’accentuation d’une logique économique marchande et de valorisation des capitaux de moins en moins régulée politiquement, se fait le plus souvent au détriment des personnes et des solidarités sociales… des personnes se trouvent exclues sans alternatives de l’activité économique et des statuts sociaux qui lui sont attachés, perte de crédit des institutions sociales et publiques, développement des inégalités et des injustices favorisant replis et stratégies communautaristes *».
Aujourd’hui en 2009, nous constatons que les difficultés ne cessent de croître et qu’elles obligent les personnes, les institutions et les Centres sociaux à créer de nouveaux équilibres entre l’individuel et le collectif, l’humanisme universel et l’appartenance culturelle, l’innovation et l’établi, le réalisme et l’utopie, le local et le global, l’urgence et le temps long des projets.
Nous ne pouvons nous contenter de subir seulement les effets de cette crise qui fait la démonstration des faiblesses du système de l’économie néo-libérale et des politiques publiques qui l’accompagnent. Nous pensons que cette crise révèle notamment la pertinence de la place et du rôle des Centres sociaux.
* Déclaration politique de la Cité de la Participation novembre 2005
Le contexte et ses conséquences
L’évolution de notre société a renforcé l’individualisme, développé la compétition, valorisé l’élitisme, entraînant ainsi des conséquences sur le plan social et humain.
Les populations qui vivent dans les quartiers et les territoires où agissent les Centres sociaux sont les premières touchées directement par les conséquences d’une crise économique qui n’a peut-être pas encore produit tous ses effets dans notre vie quotidienne. Les habitants connaissent des conditions d’existence de plus en plus critiques. Les enjeux de vie sont de moins en moins maîtrisables par les individus, par les familles : éduquer, se loger décemment, accéder aux soins, favoriser la réussite scolaire de ses enfants, nouer des relations de voisinage positive, s’insérer professionnellement…
La crise actuelle ne se limite pas à la sphère économique, elle impacte le système de valeurs de notre société. Nous constatons un accroissement de perte des repères, de confiance dans le fonctionnement de la démocratie représentative. La spirale de la pauvreté engendre aussi des régressions individuelles et collectives : repli sur soi, agressivité, rejet de l’autre, communautarisme.
Le choix de la solvabilisation de la demande sociale au détriment du financement de l’offre notamment associative fait craindre une marchandisation de l’action sociale. Les baisses de financement déjà connues contraignent nos moyens d’actions : suppressions d’emplois, coûts d’activités plus élevés, voire disparition d’équipements. Avec d’autres mouvements et organisations nous pensons que le « passage d’une logique de partenariat à une logique de prestation[taire] de service par le biais de la mise en concurrence » nous fragilise et remet en cause les fondements de nos projets.
Enfin, les effets de la crise se combinent aux impacts de la politique de décentralisation et de la Révision Générale des Politiques Publiques. Ainsi nous risquons de sortir de l’universalité des droits en allant vers une territorialisation des politiques sociales: nous savons que les territoires ne sont pas égaux du point de vue de l’accès aux droits.
Notre positionnement, notre volonté d’agir
Le Centre social n’est pas une réponse à la crise et ne doit pas être seulement là pour en gérer les effets.
Dans cette période de redistribution des cartes, plus que jamais, le choix de notre méthode d’intervention : l’animation globale, demeure pertinent. En effet, le projet Centre social est un outil adapté qui permet de transformer des situations de dépendance (individuelles et collectives) en dynamiques de développement social des personnes, des familles et des territoires.
Nous, équipes des Centres sociaux et des fédérations, nous nous engageons encore plus aujourd’hui qu’hier à être vigilants et à être acteurs en référence à nos valeurs:
– vigilants et réactifs sur les effets de la crise économique pour les populations de nos territoires, prioritairement les plus exposées,
– vigilants à garder l’adéquation entre ce que nous affirmons et ce que nous faisons,
– vigilants et réactifs pour fonder le projet social sur l’engagement citoyen.
Ce choix de fonder le projet social sur l’engagement citoyen nous donne légitimité pour passer de la revendication à l’initiative. La nécessité d’avoir une parole forte incite à avoir un fédéralisme fort qui nous oblige à l’innovation et à soutenir une mise en œuvre rigoureuse du Centre social participatif: diagnostic partagé, actions, évaluation.
Nous faisons le choix de faire appel aux ressources des personnes des territoires. La démarche participative du Centre social donne la possibilité à quiconque de trouver sa place dans un projet d’intérêt général.
Nous voulons confirmer notre ancrage dans l’Éducation Populaire, en créant les conditions de la « conscientisation » notamment par la compréhension partagée des éléments du contexte économique et social, des incertitudes qui y sont liées. Nous voulons favoriser les actions collectives, susciter et accompagner la prise de parole des habitants, leur expression dans l’espace public et leur capacité d’action.
Nous affirmons qu’il y a d’autres façons de vivre ensemble en rupture avec l’idéologie du tout consommation :
– exprimons une vision alternative de la vie sociale,
– créons et développons des espaces d’initiative,
– innovons et coordonnons nos actions
pour un autre quotidien solidaire et citoyen…